
15 octobre 2019 – Le robot chirurgien change la vie des femmes opérées en gynécologie
Une intense concentration est palpable dans le bloc opératoire. Assis à deux mètres du champ opératoire, les yeux rivés sur sa console de travail, le chirurgien dissèque l’utérus au moyen de bras téléguidés sans être penché sur la table d’opération.
Les bras du robot vont au plus près de l’organe ciblé. Ils optimisent la gestuelle, sans contraintes d’axes ni d’angles, au plus profond du corps de la patiente. Et les instruments miniaturisés donnent une précision inédite à cette intervention.
Le docteur Geoffroy Canlorbe, est l’un des deux chirurgiens qui opèrent en gynécologie à l’Hôpital de Pitié Salpêtrière à Paris, le plus souvent pour procéder à des hystérectomies, des opérations qui consistent à enlever l’utérus.
« L’Hôpital de la Pitié Salpêtrière a ceci de particulier que nous avons la chance d’avoir deux robots. Dans le bâtiment Gaston Cordier, qui est le bâtiment du bloc central, nous opérons depuis plusieurs années avec le robot Si. Et depuis moins d’un an, nous avons un robot Xi, avec des salles uniquement dédiées à la chirurgie ambulatoire. Avant, nous faisions de l’ambulatoire mais en hospitalisation traditionnelle alors que là, on a une unité spécifique qui ouvre le matin à 7 H et qui ferme à 20 H. Les patients arrivent dans cette unité, sont hospitalisés, sont opérés, transitent par une salle de réveil et le soir, cela ferme : il n’y a plus personne. »
Lise avait une tumeur, située sur le col de l’utérus. Elle a subi une première intervention qui consistait à retirer ses lésions cancéreuses. Son médecin lui a alors proposé d’enlever son utérus pour éviter que le cancer ne se propage. Elle a été opérée une seconde fois il y a six mois.
« En fait, j’ai eu une intervention en ambulatoire. Je suis rentrée dès 7H du matin à l’hôpital. J’ai été directement prise en charge par l’équipe et je suis passée très rapidement dans le bloc opératoire et j’ai pu sortir en milieu d’après-midi. Ensuite, j’ai eu une convalescence à la maison qui a duré environ 3 semaines. Quasiment immédiatement, j’ai pu être debout et pouvoir marcher même si j’étais fatiguée et je ne pouvais pas porter et faire beaucoup d’efforts. »
Le vrai progrès pour cette jeune femme était surtout de pouvoir rentrer chez elle, et de retrouver ses enfants, plutôt que rester à l’hôpital. Et surtout Lise a repris le travail « au bout de trois semaines ».
C’est donc une chirurgie mini-invasive qui préserve mieux les organes voisins et réduit l’agression chirurgicale. Lise décrit son opération :
« En fait, on fait trois incisions, une au niveau du nombril et deux sur les côtés. On fait passer ensuite les appareils du robot par ces toutes petites incisions qui font moins d’un centimètre. Ensuite, la caméra passe. Avec de l’air, on fait gonfler le ventre, ce qui permet d’avoir de la visibilité. C’est vraiment le robot qui peut travailler avec beaucoup de minutie, sans être trop invasif, sans avoir besoin d’avoir une ouverture trop grande. Du coup, on a détaché les trompes et également l’utérus ».
La durée de l’intervention est également réduite à condition de savoir bien utiliser la machine et de travailler en basse pression abdominale.
« La chirurgie robotique permet avec le bras qui tient le ventre de la patiente de diminuer énormément les pressions, diminuer les douleurs post-opératoires, tout en accordant au chirurgien une bonne qualité de vision ».
Aujourd’hui, Lise n’a plus que trois petites cicatrices.